Histoire de l’écriture japonaise
Origine de l’écriture japonaise : des kanji à aujourd’hui
Sommaire
1. Des racines chinoises (IVe – Ve siècle)
L’écriture japonaise trouve son origine dans l’introduction des caractères chinois, appelés kanji (漢字), durant les IVe et Ve siècles. Ce transfert culturel s'est produit principalement par l’intermédiaire de la Corée, avec l’adoption de textes bouddhistes, de documents administratifs et de technologies d’écriture en provenance de Chine.
À cette époque, le Japon ne disposait pas encore d’un système d’écriture propre. Les élites japonaises ont donc commencé à utiliser les kanji pour écrire en chinois classique (kanbun), notamment dans les domaines religieux et politiques. Cependant, les différences structurelles majeures entre les deux langues ont rapidement posé problème.
2. L’invention des kana (VIIIe – IXe siècle)
Face aux limites du kanbun, les Japonais ont créé deux systèmes syllabaires adaptés à leur propre langue : le hiragana et le katakana. Ces deux systèmes sont nés à partir de caractères chinois, mais servent à transcrire la phonétique japonaise.
Le hiragana (ひらがな), développé à partir d’une écriture cursive des kanji, était principalement utilisé par les femmes de la cour impériale, notamment durant l’époque Heian. Il est ainsi devenu le support de nombreux chefs-d'œuvre littéraires japonais, comme Le Dit du Genji.
Le katakana (カタカナ), quant à lui, a été créé par des moines bouddhistes pour annoter les textes chinois et faciliter leur lecture. Il est devenu l’outil standard pour transcrire les mots étrangers, les onomatopées ou mettre certains termes en valeur.
3. Réformes modernes (XIXe – XXe siècle)
Avec l'ouverture du Japon durant l’ère Meiji (1868–1912), le pays entame une modernisation rapide de son système éducatif et linguistique. Les textes scolaires, journaux et publications adoptent une écriture plus accessible et des formes simplifiées de kanji.
Après la Seconde Guerre mondiale, des réformes linguistiques officielles sont introduites pour simplifier l’apprentissage de la langue écrite. Le gouvernement publie la liste des kanji d’usage courant, les Jōyō kanji (常用漢字), et réduit drastiquement le nombre de caractères enseignés à l’école.
4. L’écriture japonaise aujourd’hui
Aujourd’hui, le japonais écrit est une combinaison unique de trois systèmes d’écriture :
- Kanji : utilisés pour les noms, les racines verbales et les mots à signification complexe.
- Hiragana : employés pour les particules grammaticales, les conjugaisons et certains mots japonais traditionnels.
- Katakana : réservés aux mots d’origine étrangère, aux noms scientifiques, et aux effets stylistiques.
Une phrase typique intègre souvent ces trois systèmes. Par exemple :
私 は フランス に 行きました。
Watashi wa Furansu ni ikimashita.
Aujourd’hui, l’usage du clavier, des emojis et des outils numériques transforme également la manière dont le japonais est écrit et appris, en particulier chez les jeunes générations.